La couleur pourpre by Alice Walker

La couleur pourpre by Alice Walker

Auteur:Alice Walker [Walker, Alice]
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Pavillons poche
Publié: 2012-09-14T22:00:00+00:00


Chère Celie,

La mère et le père de Tashi sortent d’ici. Ils sont inquiets parce qu’elle est trop souvent avec Olivia. Elle change. Elle devient moins turbulente et trop pensive, disent-ils. Son visage commence à avoir la même expression qu’une de ses tantes qui fut vendue au marchand parce qu’elle ne s’adaptait plus à la vie du village. Elle avait même refusé d’épouser l’homme qu’on lui destinait. Elle refusait aussi de s’incliner devant le chef. Elle passait son temps à flâner, à casser des noix de cola entre ses dents, et à rire toute seule.

Ils voulaient savoir ce que Tashi et Olivia font dans ma case pendant que les autres petites filles aident leurs mères.

— Est-ce que Tashi se montre paresseuse à la maison ? je leur ai demandé.

Le père a regardé la mère. Elle a dit que non, bien au contraire.

— Tashi travaille plus que la plupart des enfants de son âge, a-t-elle ajouté. Elle a toujours fini la première. Mais elle veut pouvoir passer tous ses après-midi avec Olivia. Elle absorbe tout ce que je lui enseigne comme si elle le savait déjà, a affirmé la mère. Mais ça ne semble pas vraiment pénétrer en elle.

La mère paraissait déroutée, et inquiète. Le père, fâché. Et moi j’ai pensé : voilà, Tashi sait qu’elle se prépare à un genre de vie qu’elle ne connaîtra en fait jamais. Mais j’ai gardé mes réflexions pour moi.

— Le monde change, j’ai dit. Il n’est plus fait uniquement pour les jeunes garçons et les hommes.

— Nos femmes sont respectées, ici, a dit le père. On ne les laisserait jamais courir le monde comme les Américaines. Il y a toujours quelqu’un pour s’occuper d’une femme olinka : un père, un oncle, un frère, un neveu. Ne vous offensez pas, sœur Nettie, mais notre peuple a pitié des femmes comme vous qui sont déracinées d’on ne sait quel monde et envoyées dans un autre qu’elles ne connaissent pas, pour s’y battre seules et survivre.

Ainsi je suis un objet de pitié et de mépris pour ces hommes et ces femmes…

— De plus, a dit le père de Tashi, nous ne sommes pas des arriérés. On comprend qu’il y ait des pays où les femmes ne vivent pas comme dans le nôtre. Mais nous n’approuvons pas ces autres mœurs, pour nos enfants.

— Je comprends. Mais la vie change, évolue, même à Olinka, ai-je répondu. Nous sommes venus jusqu’ici, par exemple.

Il a craché par terre et a dit :

— Qu’est-ce que vous êtes ? Trois adultes, et deux enfants. Pendant la saison des pluies certains de vous mourront, probablement. Votre race ne résiste pas longtemps, sous notre climat. Si vous ne mourez pas, vous serez sans doute victimes des maladies. Eh oui ! Nous avons déjà vu ça. Vous autres chrétiens, vous venez ici pour essayer par tous les moyens de nous faire changer. Mais vous tombez malades, et vous retournez en Angleterre ou ailleurs. Seulement, le comptoir sur la côte reste là ; même si le Blanc qui le tient change au cours des années.



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